Ma robe Ariel, ma bataille!
Mes amies, mes amies, laissez moi vous raconter mon Verdun, oui rien que ça, à travers l'histoire de cette nouvelle robe.
Tout a débuté comme souvent chez mon marchand de journaux un beau matin d'été. Les oiseaux chantaient, j'avais le coeur joyeux.... Je feuillette le dernier Maison Victor de Septembre et direct, là, en couverture, une robe me fait de l'oeil. C'est le modèle Ariel, tout un programme avec un nom pareil! soit on plonge dans les abysses soit on lave plus blanc que blanc... Mais je m'en tamponne j'ai des coupons de tissus qui attendent leur tour dans l'atelier, le magazine n'est même pas encore payé que j'ai décidé de me la faire tout de suite maintenant.... Droguée moi???
Arrivée à la maison je jette le manteau à droite, le sac à main à gauche et zouuuuu direction l'atelier. Je jette mon dévolu sur un coton-laine motif pied de poule tout riquiqui. J'aurais bien chaud cet hiver, me dis-je faisant encore la maline! Après avoir reporté le patron sur mon papier, je commence à épingler sur la toile et là je me dis que ce motif risque fort de me mettre les nerfs en boule. Dès que je le regarde j'ai la sensation de tomber dans le tourbillon de la cuvette et la nausée me prend (et là ce n'est vraiment pas un abus de langage). Mais avant que je vous raconte la suite voici l'objet de mes suées!
Alors la voici la voilà, de loin elle a l'air grise mais ne vous y fiez pas, de près c'est séance d'hypnose assurée! Concernant le modèle vous comprendrez que j'ai craqué pour ce petit côté sixties que j'aime bien. J'ai quand même ajouté 8 cm de longueur au patron initial en les partageant sur le haut et le bas de la robe. si c'était à refaire je rallongerais moins le buste mais ce n'est quand même pas dérangeant. Afin de rehausser mon tissu (arghhhh) j'ai opté pour des touches de bleu roi, une bonne et une mauvaise idée car pour poser ce biais bien droit il faut suivre les lignes du motifs....Torture vous dis-je, un peu comme un lapin sous trip dans les phares d'une voiture. Il a tout de même fallu m'y reprendre à 3 fois pour obtenir un résultat parfait.
Dans ma folie douce je me dis que ce serai une bonne idée de rehausser la taille d'un fin ruban de soie bleue. Héhéhé youpi, des tonnes de raccords de taille qui là aussi me donnent des suées, je suis même obligée de faire des pauses tellement ce tissu me malmène. Après avoir cousu et décousu deux fois la taille, je finis par obtenir un résultat plus ou moins correct mais loin d'être parfait. N'y-a-foutr' ça ira comme ça, je suis épuisée et pourtant la robe est loin d'être terminée!
Du coup le premier qui me tope sur le décalage du dos se retrouvera la mâchoire en vrac, plaqué au sol manu-militari par une couturière au bord de l'implosion. Et parlons un peu de la bonne idée de faire des surpiqûres partout (poitrine, taille, manche, ourlet... tant qu'à faire!). Là aussi un nausicalm s'impose et surtout un grand calme tellement la couture de cette robe me rend hystérique.
J'ai choisis l'option du biais pour l'encolure et là aussi, voyage psychédélique au pays des chamans et hop encore un décalage au niveau de la fermeture éclair. Gniaaaaaa j'en peux plus, tant pis je porterais un foulard, pas envie de redémonter encore et encore. Ce motif est l'oeuvre du diable, un véritable pervers celui là! A ce stade je fais mon premier essayage et bordel de merde couil***** ça gondole au niveau de l'encolure. Finalement je me résous à re-re-re découdre cette foutue encolure pour retailler la hauteur d'épaule et reposer ce satané biais à la noix. Je suis au bord de l'internement.
Et les manches, parlons-en des manches. Dans ma folie furieuse je décide de poser un biais puis replier le tout pour faire un joli petit effet. Recomptage des carreaux du motif (du coup re-nausée intense) et hop je couds le tout. Je suis si désespérée que je ne me rends pas compte que je suis en train de coudre les deux épaisseurs de ma manche ensemble. J'ai bien failli pleurer, je vous jure!
Pas grave, le découd-vite n'est pas bien loin et j'ai déjà franchi la porte de la folie alors un peu plus un peu moins....
Le modèle reste très agréable à porter à la condition de ne jamais , j'ai bien dit JA-MAIS regarder ce foutu pied de poule qui me fait un puissant effet hallucinogène. J'ai demandé à mes collègues et elles ne semblent pas aussi sensibles que moi.
Je referai peut-être une autre Ariel, mais je ne referai plus jamais de fringue en pied de poule, soignée à vie.
J'ai bien tenté un saut de l'ange depuis le banc du jardin mais pas d'inquiétude, je suis toujours en vie.
Elvis n'est même pas plus impressionné que ça par mon saut de biche!
Allez, Ariel aura eu raison de ma raison (oh je suis fatiguée) mais elle n'aura pas réussi à vaincre ma détermination!
C'est qui la plus forte? C'est toujours bibi!
A bientôt mes amies
Me Machinchoz